
La tDCS est une autre méthode de neurostimulation non invasive
La stimulation transcrânienne à courant direct (tDCS) est une technique innovante dont les prémisses remontent pourtant à la Rome Antique. En effet, Scribonus Largus, médecin de Claudius, essayait déjà à l’époque de traiter certains de ses patients en apposant des raies électriques sur leur front (Bouchet JJ, 2000) car il avait conscience que cette stimulation pouvait avoir des effets bénéfiques sur un certain nombre de troubles.
Bien plus tard, au 18ème siècle, Galvani et Volta, précurseurs de l’électricité médicale utilisaient des dispositifs rudimentaires pour explorer et agir sur l’électricité des cellules animales et dès 1804, Aldini proposa d’utiliser ce type d’approche pour améliorer l’humeur d’un patient mélancolique, et il y parvint !
Plus récemment, en 1964, Bindman montre qu’une stimulation électrique du cortex peut modifier durant un temps prolongé l’activité corticale et vers la fin des années 90, un réel engouement pour cette technique émerge, à la fois dans la culture du gaming (avec des joueurs qui essayaient d’améliorer leurs performances cognitives) et dans l’armée pour améliorer leurs compétences.
Au niveau médical, de nombreux essais cliniques vont venir préciser l’efficacité et les indications de cette technique, notamment en neurologie et en psychiatrie.
Sur le fond, La tDCS consiste à faire passer un courant électrique de faible intensité de 0.5 à 2 milliampères d’amplitude pour une durée de dix à trente minutes sur le scalp via deux électrodes humidifiées : une anode et une cathode. La zone stimulée dépend de leur taille qui varie de 25 à 35 cm2. Le courant délivré en continu, va permettre de moduler l’excitabilité corticale : la cathode diminue l’excitabilité alors que l’anode l’augmente.
Cette stimulation n’entraine pas directement de potentiel d’action neuronal (contrairement à la rTMS) mais elle va modifier le seuil de dépolarisation de la membrane bouleversant ainsi la probabilité des neurones d’être activés. La technique est peu pourvoyeuse d’effets indésirables puisque aucun effet indésirable grave n’a jamais été retrouvé : on ne retrouve que des céphalées modérées, une sensation de picotement en début et fin de stimulation et rarement des réactions érythémateuses transitoires, autrement dit un risque de brulure cutané au niveau des électrode, qui disparaissent rapidement après arrêt des stimulations et utilisation de crèmes cicatrisantes.
La tDCS a montré une efficacité dans plusieurs indications :
• La dépression (Métanalyse de Berlim et al. 2013),
• La fibromyalgie (Marlow et al. 2012)
• La schizophrénie (Brunelin et al. 2012 ; Bose et al. 2018)
• Les acouphènes (Ding et al. 2018)
• Certaines addictions (Coles et al. 2018).
Plusieurs études sont en cours actuellement, notamment pour en évaluer l’intérêt médico-économique (autrement dit, son efficacité est démontré, reste maintenant à en démontrer l’efficience) comme par exemple l’étude DISCO (accessible à l’hôpital Saint-Antoine).