L’équipe de Martinj Arns (Research Institute Brainclinics) a publié en mai 2021 dans Biological Psychology (IF 2.6) un article intitulé “Neuro-Cardiac-Guided TMS (NCG TMS): A replication and extension study” disponible ici.
Son équipe développe depuis plusieurs années une méthode de ciblage qui se veut plus intéressante et personnalisée que les méthodes actuellement disponible (Beam F3, neuronavigation, EEG 10-20) car elle se base sur l’association de plusieurs biomarqueurs pour trouver la zone qu’il conviendrait précisément de cibler pour obtenir le meilleur résultat notamment en ciblant le réseau fronto-vagal.
Ce réseau (dont la théorie a été développée ici par la même équipe) a été mis en évidence dans des études antérieures qui ont montré qu’en ciblant une zone spécifique du DLPFC (la plus connectée au Cortex Cingulaire Antérieur) ont pouvait obtenir une diminution significative de la fréquence cardiaque. Ainsi plusieurs “biomarqueurs” cliniques semblent se modifier lorsque la “bonne” zone du DLPFC est stimulée en rTMS : la fréquence cardiaque diminue, la pression artérielle diminue et l’HRV (variabilité de la fréquence cardiaque) augmente. Cette zone du DLPFC serait finalement celle qui est la plus connectée à des structures plus profondes et elle constituerait donc une cible de choix pour la stimulation du DLPFC.

Brain Stimulation 2017
Une première étude publiée dans la prestigieuse revue Brain Stimulation (IF 8.9) portant sur 10 sujets sains avait montré que lorsqu’on stimulait une certaine région du DLPFC (avec un protocole HF 10 Hz) cela pouvait entrainer une décélération du rythme cardiaque. Leur hypothèse est que cette région est la plus connectée au Cortex Cingulaire Antérieur et donc qu’elle devrait être la cible du traitement. Dans la majorité des cas c’était bien la région F3 (ou F4) qui présentait les plus haut taux de décélération, mais pour 40% des sujets c’était la région FC3 (ou FC4) qui présentait le plus haut taux. Les auteurs en déduisent que leur technique peut permettre de personnaliser le ciblage pour le traitement en choisissant entre F3 et FC3 (F4 ou FC4) en fonction de la décélération obtenue.
Leur étude de réplication, de nouveau sur une population non malade, consiste à stimuler le DLPFC (soit avec du HF-TMS 10Hz pour 28 sujets, soit avec de l’iTBS pour 27 sujets) sur différentes zones afin de trouver l’aire impliquée dans le réseau fronto-vagal. Leur résultat est similaire à leur première étude : pour certains patients c’est bien le point F4 qu’il convient de cibler, pour d’autre c’est le point FC4

Il est à noter qu’en utilisant l’iTBS ce sont d’autres zones qui montrent le plus de décélération :

En effet, avec l’iTBS ce sont les zones FC5 et F6, bien plus latérales, qui semblent avoir provoqué les plus grandes décélérations. Les auteurs émettent l’hypothèse que cela pourrait être lié à une stimulation du nerf trijumeau.
Enfin les auteurs évoquent le fait que la douleur ressentie lors de la stimulation puisse avoir un effet confondant puisqu’elle fait augmenter la fréquence cardiaque. Ils émettent l’idée que la zone à cibler pourrait être finalement celle qui entraine le moins d’élévation de la fréquence cardiaque.