rTMS pour le traitement des hallucinations (symptômes positifs) de la schizophrénie : que disent les 3 dernières méta-analyses ?

rTMS-tDCS

Entre 2020 et 2021, trois méta-analyses se sont penchées sur l’efficacité des techniques de neuromodulation sur les hallucinations acoustico-verbales (HAV) et les symptômes positifs de la schizophrénie. Le présent article se propose d’en faire une synthèse.

Marzouk et al. 2020 (ici) ont inclus 30 études portant sur les symptômes positifs de la schizophrénie, dont 25 spécifiquement sur les HAV. Leur conclusion est mitigée puisque 12 études sur 30 retrouvent des résultats positifs mais les auteurs expliquent que cet conclusions est possiblement imputable aux petits échantillons de la majorité des études inclues. En réalité il semble surtout que c’est l’importante hétérogénéités des cibles choisies qui explique en partie ces résultats :

  • 4 études ciblent le Cortex Préfrontal Dorso-latéral entre 2 et 10Hz : résultats négatifs
  • 1 étude cible l’aire de Wernick à 1Hz : résultats positifs
  • 1 étude cible l’aire de Broca à 1Hz : résultats négatifs
  • 1 étude cible le Cortex Frontal ou Pariétal à 2Hz : résultats positifs
  • 1 étude cible le Cortex Temporal droit ou gauche à 1Hz : résultats négatifs
  • 1 étude cible le Gyrus Temporal Supérieur ou médian à 1Hz : résultats négatifs
  • 4 études ciblent la Jonction Temporo-Pariétale à 1Hz : 3 études positives sur 4
  • 17 études ciblent le Cortex Temporo-Pariétal : 9 études positives sur 17 (55%)

Cette analyse permet d’affirmer assez clairement que la stimulation du CPFDL est inefficace dans le traitement des HAV, alors que la basse fréquence sur la Jonction Temporo-Pariétale semble plus efficace : c’est ce protocole qui est actuellement utilisé dans la plupart des centres.

Li et al. 2020 (ici), ont réalisé une méta-analyse spécifiquement sur les études ciblant la Jonction Temporo-Pariétale (T3P3). Ils ont inclus 11 études et ils confirment que la rTMS a un effet positifs sur la réduction des HAV, avec un SMD à 0.27 comparativement au placébo (ce qui signifie qu’il y a bien une différence significative mais qu’elle est petite puisqu’entre 0.2 et 0.5).

Enfin, Guttensen et al. 2021 (ici), ont fait une méta-analyses sur la rTMS (n = 27 études, 960 patients) et la tDCS (n = 12 études, 465 patients) et ils retrouvent des résultats négatifs (pas de différence entre rTMS active et Sham). Cependant quand on regarde leurs résultats plus dans le détails ont constate les éléments suivants :

  • Il existe bien une différence entre tDCS active et Sham après le traitement à 1 semaines avec un SMD à 0.31, mais cette différence n’est plus présente après 2 mois (SMD à 0.08).
  • Il en est de même avec la rTMS, avec un SMD à 0.24 à 1 semaine notamment l’échelle AHRS (qui évalue spécifiquement les HAV), alors que l’on ne retrouve pas de différence sur l’échelle PANSS (qui évalue tous les symptômes positifs), et on ne retrouve pas non plus de différence à 1 ou 2 mois.

L’étude de ces différentes méta-analyses permet de soulever plusieurs points : 1. il est important de bien choisir l’échelle d’évaluation car clairement les échelles spécifiques de HAV (AHRS) retrouvent plus d’amélioration que les échelles généralistes (PANSS), 2. l’effet des techniques de neuromodulation ne durent pas longtemps (on ne retrouve plus d’amélioration à 2 mois), cependant aucune étude ne regarde précisément la trajectoire des patients répondeurs.

En conclusion, la rTMS basse fréquence sur la JTP semble être une technique efficace sur le court terme pour le traitement des HAV (et pas des autres symptômes positifs). Il convient d’évaluer la réponse avec une échelle type AHRS et non PANSS. Enfin il conviendrait de faire plus de RCT bien conduits.

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