Les stratégies pharmacologiques du traitement de la migraine ne sont pas totalement efficace puisque des crises persistent chez 40 à 50% des patients malgré une thérapeutique optimisée. D’autres traitements sont donc évalués, notamment les techniques de neurostimulation. Ainsi on retrouve 5 méta-analyses entre 2017 et 2022 qui portent soit sur le traitement en aigu, soit sur le traitement prophylactique (prévention des crises), soit les deux. Nous les traiterons dans l’ordre chronologique.
Lan et al. 2017, ont publié dans The Journal of Headache and Pain (Rang A, IF à 7.2) une méta-analyse sur la rTMS en aigu (acute) et en chronique. Ils ont inclus 5 études (313 patients) qui avaient toutes des protocoles différents :
Etude | Zone | Dose | Fréquence | Résultat |
Richard et al. | Occiput | 2 pulses de 30 sec | 1 session | Positif p < 0.05 |
Hatem et al. | M1 gauche | 10 Hz pulses ? | 12 sessions | Positif ns |
Adriana et al. | DLPFC | 1600 pulses | 23 sessions | Négatif |
Usha et al. | Cortex frontal gauche | 10 Hz 600 pulses | 1 session | Positif p < 0.05 |
Filippo et al. | DLPFC | 20 Hz pulses ? | 12 session | Positif ns |
Les auteurs concluent que :
- Sur la migraine avec aura : un seul RCT (celui de Richard et al) est positif, c’est une étude “single pulse” qui retrouve une amélioration pour le traitement en aigu de la migraine avec aura après une première crise.
- Sur la migraine chronique : très grande hétérogénéité des études, et des résultats positifs mais non statistiquement significatifs
- Sur la migraine “en général” : idem, mais l’effet serait cette fois statistiquement significatif.
Feng et al. 2019, ont évalué dans Headache (Rang B, IF à 5.8) à la fois l’effet de la rTMS et de la tDCS pour le traitement des céphalées. Ils ont trouvé 9 études (276 patients), 5 sur la rTMS et 4 sur la tDCS.
Etude | Zone | Dose | Fréquence | Résultat |
Brighina et al. | DLPFC gauche | HF 400 pulses 90% SMT | 12 sessions | Positif p < 0.05 |
Teepker et al. | Vertex | LF 1000 pulses 100% SMT | 5 sessions | Positif ns |
Misra et al. | M1 gauche | HF 600 pulses 70% SMT | 3 sessions | Positif p < 0.05 |
Conforto et al. | DLPFC gauche | HF 1600 pulses 110% SMT | 23 sessions | Négative |
Rapinesi et al. | DLPFC bilatéral | HF 360 pulses dTMS 100% SMT | 12 sessions | Positif p < 0.05 |
Par ailleurs ils ont évalué 2 paramètres : l’intensité des céphalées (et dans ce cas le protocole le plus favorable est celui de Rapinesi et al.) et la fréquence des céphalées (et dans ce cas le plus favorable est celui de Brighina et al.).
Pour la tDCS, 3 études sur 4 proposent une stimulation anodale sur M1 (idem protocole antalgique) entre 1 et 2 mA. Sur ces 3 études, deux sont positives et statistiquement significative, et 1 n’est pas statistiquement significative. Une étude sur les 4 propose une stimulation cathodale sur V1 (cortex visuel) et ne retrouve pas d’effet statistiquement significatif.
Les auteurs concluent qu’une stimulation excitatrice sur M1 (idem protocole antalgique), que ce soit en rTMS ou en tDCS, entraine une réduction de la douleur avec une importante taille d’effet. C’est donc le protocole qu’ils préconisent.
Moisset et al. 2020, dans The Journal of Headache and Pain (Rang A, IF à 7.2), ont de nouveau fait une méta-analyse mais cette fois sur toutes les techniques de neuromodulation, invasive et non invasives. Ils ont inclus 38 études et concluent que la stimulation invasive du nerf occipital (ONS) est efficace pour la prévention des migraines avec une taille d’effet importante, mais les études sont très hétérogènes, que la TENS (stimulation électrique transcutanée) supra-orbitaire, la PENS (stimulation électrique percutanée), et la rTMS en haute fréquence sur M1 sont efficaces, mais avec une taille d’effet variant de petite à modérée, tandis que la stimulation du nerfs vague, la rTMS en HF sur le préfrontal, et la tDCS sur M1 ne seraient probablement pas efficace, avec une hétérogénéité importante des études.
VanderPluym et al. 2021, ont publié dans le JAMA (Rang A+, IF 56.2) une très importante méta-analyse sur tous les traitements disponibles pour le traitement en aigu des migraines. Pour les Triptans et les AINS, ils ont synthétisé les résultats de 15 revues systématiques, tandis que pour les autres traitements ils ont inclus 115 RCT (soit 28 803 patients). Leur conclusion est la suivante :
Molécule | Efficacité | Force de la preuve |
Triptans | ++ | +++ |
AINS | ++ | +++ |
Antagonistes des récepteurs du peptide lié au gène de la calcitonine (CGRP) | + | ++ |
Lasmiditan (5-HT1F receptor agonist) | + | +++ |
Dihydroergotamine | + | ++ |
Ergotamine + caféine | + | ++ |
Paracetamol | + | + |
Antiemetiques | + | + |
Butorphanol | + | + |
Tramadol + Paracetamol | + | + |
Remote electrical neuromodulation | + | + |
Transcranial magnetic stimulation | + | + |
External trigeminal nerve stimulation | + | + |
Stimulation du nerf vague | + | + |
Clark et al. 2022, étudient dans Neurological Science (Rang C, IF 3.3) une méta-analyse sur le traitement en aigu des crises migraineuses par les techniques de neuromodulation et concluent que la rTMS peut avoir un effet bénéfique dans cette indication.
En conclusion : la rTMS est efficace pour le traitement en aigu et en préventif des migraines mais les paramètres de stimulation (cible, fréquence, durée, seuil moteur, etc.) restent à préciser. 2 protocoles semblent se démarquer : d’abord la HF sur M1 (idem protocole antalgique), ensuite la HF sur CPFDL gauche. Dans les deux cas il semble qu’une stimulation sous le seuil moteur (70 à 90%) soit requise.