rTMS et troubles anxieux : que disent les méta-analyses et revues systématiques de la littérature ?

L’anxiété peut être adaptée à une situation, ou inadaptée. Dans ce dernier cas, cela peut s’intégrer dans le cadre d’un trouble anxieux : trouble anxieux généralisé, trouble panique, phobie, etc. Ce symptôme transnosographique peut entrainer un retentissement sévère et parfois handicapant, avec des conséquences médicales délétères (consommation de toxiques, développement de comorbidités physiques ou psychiatriques, etc.). Dans ce contexte, le développement d’alternative thérapeutiques pour les patients qui ne répondent pas a la psychothérapie (1ère intention) ou à la pharmacothérapie (2nd intention) voir à l’association des deux, est nécessaire.

Ainsi nous avons effectué une recherche Pubmed pour retrouver les différentes méta-analyses et review publiées sur la rTMS dans le traitement des troubles anxieux. Entre 2008 et 2022, sept articles ont été publiées. Cet article en reprend l’historique et les principales conclusions.

En 2008, Melissa Pigot, Colleen Loo et Perminder Sachdev ont réalisé une revue de la littérature mais n’ont a l’époque pas retrouvé d’éléments en faveur de la rTMS dans cette indication en dehors de case reports, et ils concluent que des RCT de plus grande puissance sont nécessaire pour avancer sur ce sujet. La même conclusion est retenue en 2009 par l’équipe de Zwanger et al. qui soulignent l’intérêt théorique de cette technique au vu du rationnel (inhibition cortical, action sur les structures limbiques, etc.) mais qui déplore l’absence d’études contrôlées sur le sujet. 4 ans plus tard, en 2013, la situation a peu évoluée, et la même équipe plaide de nouveau pour la réalisation de RCT dans une nouvelle revue systématique.

En 2014, une équipe de Shangaï menée par Hui Li (un des grands nom de la rTMS en Chine) a aussi conduit une revue systématique pour le compte de la Cochrane Library pour évaluer la rTMS spécifiquement pour le traitement du trouble panique (récurrence d’attaques de panique). 2 RCT contre Sham (40 patients) ont été inclus (et aucune étude rTMS contre traitement habituel n’a été retrouvé). Toutes les études étaient en Basse Fréquence 1 Hz sur le CPFDL droit pendant 2 à 4 semaines, en add-on. Un des RCT retrouve clairement une amélioration du trouble dans le groupe rTMS actif mais avec un taux de drop out de 16% (inhabituel dans les études rTMS généralement plutôt autours de 2%) avec donc un risque de biais. Le second RCT ne retrouve pas de différence significative entre le groupe actif et sham (avec des taux de drop out similaires). Ils concluent donc que des études supplémentaires sont nécessaires pour trancher.

En 2019, des chercheurs italiens, allemands et australiens ont réalisé une revue sur les techniques de neurostimulation non invasive pour les troubles anxieux (phobies spécifiques, phobie sociale, trouble panique et trouble anxieux généralisé). Ils ont pu inclure 26 études (dont 12 RCT contre sham). Après avoir rappelé le substrat neurofonctionnel permettant de théoriser l’apport de la rTMS dans ce type de trouble (modification du contrôle préfrontal sur le système amygdalien et/ou inhibition indirecte du système amygdalien), ils concluent qu’il existe des preuves clinique d’efficacité de la rTMS avec des protocoles inhibiteurs sur le CPFDL droit ou excitateurs sur le CPFDL gauche.

La même année, une méta-analyse est publiée sur le même sujet par des chercheurs de Boston (Harvard Medical School, Massachusetts General Hospital, Boston University) dans Brain and Behavior. Ils ont pu inclure 17 articles, mais la méta-analyse ne concerne que le trouble anxieux généralisé et le TSPT car les auteurs déclarent que les études sont trop peu nombreuses pour faire une méta-analyse pour les autres troubles anxieux. Trois protocoles semblent se dégager de cette méta-analyse pour le TAG avec une importante taille d’effet :

  • La BF sur le CPFDL droit : 1 Hz, 90% SMT, 900 pulses/séance, 30 séances
  • La HF sur le CPFDL droit : 20 Hz, 110% SMT, 3600 pulses/séances, 25 séances
  • La stimulation bilatérale : 1 Hz a droite et 10 Hz à gauche, 24 à 36 séances

Enfin, en 2022, une nouvelle méta-analyse sur 13 études (677 participants) contre sham retrouve un SMD à 1.45 (pour rappel un SMD > 0.8 constitue une différence importante avec le sham) signifiant un effet statistiquement significatif de la rTMS pour le TAG avec une taille d’effet importante. En revanche ils ne retrouvent pas de résultats significatifs pour le trouble panique. La encore plusieurs protocoles ont été retrouvés (BF, HF, bilatéral) et d’après les auteurs l’impact du choix du protocole serait relativement modeste : ce qui signifie probablement que certains patients répondent à l’un et pas à l’autre, et inversement.

En conclusion : de plus en plus d’articles soulignent l’intérêt de la rTMS dans les troubles anxieux (notamment TAG et TSPT, et nettement moins d’éléments pour le trouble panique ou les phobies) mais il reste complexe de choisir le bon protocole car 3 semblent possiblement également efficaces (mais probablement pas sur les mêmes patients) : Basse fréquence droite, haute fréquence droite, bilatéral.

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