Une équipe française menée par le Pr. Anne SAUVAGET et le Dr. Samuel BULTEAU ont publié récemment un essai contrôlé randomisé dans la prestigieuse revue Brain Stimulation (IF 8.9 Rang A, préprint).
60 patients souffrant d’un épisode dépressif unipolaire, caractérisé, d’intensité moyenne à sévère (MADRS > 20) ont été randomisé en 2 groupes pour recevoir sur le cortex préfrontal dorsolatéral gauche :
- Groupe HF : 10Hz a 110% du SMT, 1600 pulses par sessions, 20 séances.
- Groupe iTBS : 80% du SMT, 600 pulses par sessions, 20 séances.
Il est intéressant de se pencher sur les caractéristiques des patients inclus car on remarque notamment que :
- L’âge moyen dans le groupe HF est de 48 ans contre 56 ans dans le groupe iTBS
- Il y a 40% d’hommes dans le groupe HF et 23% dans le groupe iTBS
- L’IMC moyen des patients dépasse 25 (surpoids)
- 80% des patients du groupe HF sont en invalidité contre 63% dans le groupe iTBS
- On retrouve plus de TS et d’hospitalisation dans le groupe iTBS
Concernant la résistance au traitement de ces groupes, elle est importante puisque pour l’épisode en cours :
- Dans le groupe iTBS : 50% ont essayé au moins 4 antidépresseurs
- Dans le groupe HF : 69% ont essayé au moins 3 antidépresseurs
Dans cette population hautement résistante, l’efficacité de la rTMS est évaluée avec 2 critères : la réponse (définie par une réduction d’au moins 50% du score sur la MADRS) et la rémission (définie par un score inférieur à 10 sur la MADRS). On retrouve :
Réponse | Rémission | |
HF | 33.3% | 14.8% |
iTBS | 36.7% | 18.5% |
On ne retrouve donc pas de différence significative entre les groupes et des taux de réponse qui sont légèrement inférieurs à ceux retrouvé dans la littérature mais en général les autres études ont des patients moins résistants (une des études de validation de la FDA avait d’ailleurs revu le niveau de résistance des patients des études à la baisse, raison pour laquelle la rTMS est possible après échec d’un seul traitement antidépresseur aux USA).
Les conclusions de cette étude sont que :
1/ Cela confirme la non infériorité (voir même une tendance à la supériorité) du Theta Burst comparativement à la Haute Fréquence 10Hz.
2/ Cela confirme la bonne tolérance et l’efficacité de la rTMS y compris dans une population de patient hautement résistants (> 3 antidépresseurs, nombreux patients en invalidité) avec des profils de réponse qui pourraient être considérés par certain comme défavorables.
Conclusion : cette étude plaide pour l’utilisation du Théta Burst, y compris chez les patients hautement résistants. On notera cependant que la plupart des études actuelles favorisent un nombre de séance plus important (30 séances et non 20) et un nombre de pulses par session plus important (3000 pulses et non 1600 en HF, et jusqu’à 1800 en iTBS), ce qui explique probablement que les taux de réponse et de rémission dans cette étude soient légèrement inférieurs à ce que l’on peut retrouver dans d’autre RCT comparables. Dans tous les cas il s’agit d’une superbe étude et d’un très bel article par l’une des équipes les plus en avance en matière de rTMS en France.