La Deep TMS (dTMS), une variante de la rTMS utilisant un casque avec des bobines en H, cible des régions corticales plus profondes que la rTMS.
Cette technique, moins précise, n’a pas démontré un intérêt supérieur à la rTMS classique pour le moment, mais elle est digne d’intérêt pour une raison simple : certains patients qui ne répondent pas à la rTMS peuvent répondre à la dTMS, et inversement certains patients ne répondent pas à la dTMS mais répondent à la rTMS (et nous n’avons malheureusement pas encore la capacité de prédire qui répond à quoi).

Quand on combine la dTMS avec un protocole accéléré (comme le protocole de Stanford par exemple, lien) on espère que cela permettra d’avoir un effet encore plus bénéfique, et c’est justement que ce que l’équipe de Yiftach Roth a essayé de démontrer avec une étude vie réelle publiée dans Psychiatry Research (IF 11.3 RangA). Elle est disponible ici.
Où et comment a été menée l’étude ?
Plusieurs cliniques équipées de Deep TMS ont été invitées à participer à une étude en vie réelle consistant à collecter les données issues des soins. 111 patients atteints de dépression résistante (5,2 échecs de traitement antidépresseur en moyenne) provenant de 4 sites ont été inclus. Aucune évaluation diagnostique formelle au-delà d’un entretien psychiatrique n’a été réalisée, ils pouvaient donc avoir des comorbidités psychiatriques et somatiques (c’est l’intérêt des études en vie réelle : les participants ressemblent à de “vrais” patients). Tous les patients devaient avoir au moins 20 séances de Deep TMS et avoir au moins deux mesures sur des échelles cliniques pour être inclus.
Quels sont les protocoles évalués ?
4 protocoles de TMS accéléré ont été analysés :
– 2 séances par jour
– 3 séances par jour
– 5 séances par jour
– 10 séances par jour
La plupart des patients recevaient un protocole en Theta Burst (iTBS dans 97% des cas, à 80 ou 90% du seuil moteur, et entre 600 et 1800 pulses par séances) et quelques patients ont reçu le protocole de deepTMS “standard” (18Hz 120 % du SM, 1980 impulsions par séance, dans 3% des cas). Le critère d’évaluation principal était le taux de réponse et de rémission à un mois et le critère d’évaluation secondaire était la durabilité de la réponse (évaluée à 2, 3 et 6 mois après la fin du traitement).
Quel est le meilleur protocole accéléré ?
Comme d’habitude, Le traitement a été bien toléré, et aucun événement indésirable grave n’a été signalé. Voici les résultats de l’étude :
Patients par groupe | Fréquence de Séances | Durée Moyenne de Traitement | Taux de Réponse | Taux de Rémission |
48 | 2 séances/jour | 29 jours | 90% | 56% |
8 | 3 séances/jour | 8 jours | 75% | 63% |
21 | 5 séances/jour | 6-7 jours | 81% | 52% |
34 | 10 séances/jour | 5 jours consécutifs | 68% | 38% |

Le résultat global (tous groupes confondus) montre un taux de réponse de 80,2% et un taux de rémission de 50,5% sur leur échelle la plus évaluée. Lorsqu’on compare les groupes entre eux, il n’y a pas vraiment de différence significative entre les groupes même si on voit clairement une tendance.
Concernant la durabilité de l’effet chez les patients répondeurs, les taux de réponse durable à 60, 90 et 180 jours étaient respectivement de 86,7%, 87,0% et 92,9%.
Qu’en penser et qu’en retenir ?
Cette première étude naturaliste sur la Deep TMS accélérée, qui a inclus 111 patients montre des taux de réponse de 80% et de rémission de 51% avec une durabilité de l’effet important puisqu’à 6 mois plus de 90% des patients répondeurs le restent !
Ce qui est intéressant surtout c’est de voir qu’il n’y a finalement pas de différence entre les groupes : le groupe 2 séances par jour (sur 30 jours) permet d’obtenir un meilleur résultat que le groupe à 10 séances par jour, ce qui constitut plutôt un argument pour dire que les protocole Stanford-like doivent être réservé à la rTMS (et ne devraient pas être utilisé en dTMS). Et finalement il semblerait que 2 ou 3 séances par jour semble être le meilleur compromis.
Le protocole deux fois par jour n’induit pas un début plus rapide de la réponse ou de la rémission. En revanche, avec 3, 5 ou 10 séances par jour, la réponse ou la rémission s’est produite généralement après 3 à 5 jours de traitement.
Cette étude présente cependant des limites importantes :
– Petit échantillon en vie réelle (donc manque de puissance)
– Absence de groupe à 1 séance par jour qui aurait fait office de contrôle
– Les effets centres ne sont pas mentionnés
– Les changement de traitement per-protocole non plus
– Plusieurs paramètres de stimulation différents ont été employés
– L’équipe qui a fait l’étude est affiliée à l’industriel qui fabrique la machine de Deep TMS (on ne peut donc pas dire qu’il s’agit d’une étude indépendante)
Mais il n’en reste pas moins que ce sont des résultats extrêmement encourageant et qu’il serait intéressant de reproduire cette étude en rTMS avec des protocoles multisites en iTBS.