Nous avions récemment présenté une étude intéressante qui montrait très clairement “l’effet-dose” de la Sertraline (ou dit autrement le fait que plus on augmente la dose, plus les patients répondent au traitement, ce qui n’était jusqu’à lors pas totalement démontré pour les ISRS). Mais est-ce qu’il existe un effet dose avec la rTMS ?
L’étude de Todd M. Hutton et Harold A. Sackeim intitulée “Dosing transcranial magnetic stimulation in major depressive disorder: Relations between number of treatment sessions and effectiveness in a large patient registry” publiée récemment dans Brain Stimulation (Rang A, IF 29) vise à analyser le lien entre le nombre de séances de stimulation magnétique transcrânienne (rTMS) et l’efficacité du traitement chez les patients souffrant de trouble dépressif caractérisé. Pour ce faire, les auteurs ont analysé un large registre de patients pour voir si l’efficacité du traitement variait en fonction du nombre de séances.
L’étude a été motivée par le fait que le nombre de séances lors d’une cure de rTMS pour dépression est supérieur dans les essais cliniques récents comparativement aux essais contrôlés randomisés précédents : autrement dit, en vie réelle on s’est bien rendu compte de la nécessité de faire plus de séance que ce qui était proposé dans les études, et les nouvelles études intègrent ce fait en réalisant plus de séance (c’est donc un exemple qui montre que c’est souvent la pratique qui guide finalement les protocoles d’essais : les protocoles nourrissent la pratique et la pratique nourrit les protocoles).
L’objectif principal de l’étude était de comparer les résultats entre les groupes ayant reçu différents nombres de séances de rTMS. Ils ont extrait les données de 7215 patients traités pour dépression à partir d’un échantillon de 13,732 patients. Ils ont divisé ces patients en groupes basés sur le nombre de séances de traitement reçues au cours de leur cure :
- – Entre 1 et 19 séance
– Entre 20 et 29 séance
– Entre 30 et 35
– 36 séances (qui constitut un groupe à part)
– Entre 37 et 41 séance
– Plus de 41 séances.
Pourquoi 36 séances correspond à un groupe à part ? Car aux USA c’est le nombre de séance qui est remboursé par la majorité des assurances (même si c’est parfois un parcours du combattant pour qu’elles valident le traitement) ou par le Medicare (équivalent de la sécurité sociale).
Ils ont comparé les résultats à la fin du traitement et à des intervalles fixes (après 10, 20, 30, et 36 séances), et ont également examiné l’impact des traitements supplémentaires au-delà de 36 séances.
Les résultats ont montré que les groupes ayant reçu moins de 30 séances avaient des résultats cliniques inférieurs à tous les autres groupes. La réduction des symptômes, mesurée par l’échelle PHQ-9, était la plus grande dans le groupe qui a terminé le traitement à 36 séances. Par ailleurs, la poursuite du traitement au-delà de 36 séances était également associée à une amélioration continue sans évidence d’un plateau.
En conclusion, l’étude a révélé qu’en pratique réelle, il existe une forte corrélation entre le nombre de séances de rTMS dans un traitement et l’ampleur de la réduction des symptômes. Les traitements de moins de 30 séances étaient associés à un bénéfice diminué. Les patients avec des traitements plus longs que la normale montraient généralement moins d’amélioration initiale et une trajectoire plus progressive, mais un bénéfice significatif s’accumulait avec le traitement au-delà de 36 séances. Cela conforte les recommandations actuelles qui consistent à proposer “au moins” 30 séances lors de la cure.